Nos bénévoles
Pouvez-vous vous présenter rapidement ?
"Je m’appelle Clotilde Cucchi-Vignier et je travaille à la Division Information Veille et Archivage de Total. J’ai été plusieurs fois akompagnatrice chez Kodiko : promotions 1, 4, 7 et 9. En plus de participer au programme Kodiko, je suis aussi engagée pour plusieurs autres associations."
Qui avez-vous accompagné chez Kodiko ?
"J’ai eu la possibilité d’accompagner quatre participants réfugiés. Tous avaient des profils très différents. J’ai d’abord accompagné Fattaneh, une femme iranienne puis Rulat, une jeune réfugiée kurde yézidie, de nationalité syrienne. La troisième personne que j’ai accompagnée, Mohamed est un réfugié mauritanien, qui était en France depuis longtemps et parlait très bien français. Et enfin, en ce moment j’accompagne Bibinur, une réfugiée ouïghoure du Kazakhstan. Je l’ai connue par l'intermédiaire d’une autre association d’insertion professionnelle. Elle est femme de ménage et elle a un master de psychologie et de pédagogie. Quand j’ai appris ça je lui ai dit qu’elle pouvait avoir d’autres perspectives et qu’elle pouvait trouver un travail qui lui convienne mieux. C’est à ce moment-là que je lui ai parlé du programme Kodiko."
Pourquoi avez-vous décidé de participer au programme Kodiko, quelles sont vos motivations ?
"J’ai décidé de participer au programme Kodiko parce que j’étais vraiment touchée par la cause des personnes réfugiées. Je trouve qu’il faut beaucoup de courage pour quitter son pays parce que notre vie y est menacée, et reconstruire sa vie ailleurs. Ce que j’apprécie le plus chez Kodiko, ce sont les rencontres. On a l’occasion de connaître des gens qu’on n’aurait jamais rencontrés si l’on ne s’était pas investi dans le programme."
Comment vous-êtes-vous organisé pour vos rendez-vous avec la crise sanitaire ?
"C’est vrai que l’accompagnement à distance a été compliqué. J’ai pu voir Bibinur seulement 2 fois. Elle était très curieuse de découvrir les bureaux à La Défense, nous avons donc organisé une rencontre dans mon bureau. Pour la dernière rencontre, elle va venir à la maison. Le fonctionnement à distance c’est à la fois pratique, pour caser les rendez-vous dans l’emploi du temps sans se déplacer, mais en même temps il n’y a plus d’informel, et je trouve qu’il y a beaucoup de perte dans la relation. C’est plus compliqué d’instaurer une certaine confiance. Cependant, Bibinur a très bien géré le fonctionnement à distance. Cela lui a même ouvert plus de possibilités parce qu’elle a pu faire certains ateliers sur son lieu de travail. On ne s'en rend pas compte mais ce n’est pas toujours facile pour les participants de jongler entre leur vie personnelle, leur travail et leurs enfants s’ils en ont. Ça demande beaucoup de détermination."
Que sont devenues les personnes que vous avez accompagnées ?
"Fattaneh a maintenant entièrement refait sa vie en France. Rulat est devenue surveillante dans une école. Et Mohamed a été accepté pour faire un master 2 dans une école d’ingénieur en informatique. Il est à la recherche d’une alternance."
Qu’est-ce que vous a apporté le programme Kodiko ?
"Ça change complètement le regard. On apprend vraiment à connaître les personnes réfugiées en profondeur, à connaître leurs motivations. On finit même par partager des choses intimes, on se donne des nouvelles des enfants. Par ailleurs, c’est aussi important pour les réfugiés d’être en contact avec des personnes intégrées dans la société, de mieux comprendre la société française, de connaitre nos façons de vivre, nos modes de relations."
Est-ce qu’il y a un moment particulier que vous souhaiteriez partager ?
"Alors oui, avec Fattaneh j’ai beaucoup apprécié les liens amicaux que l’on a créé, on se retrouvait dans un café dans le quartier de Saint Michel, et je la retrouvais vraiment comme je retrouvais une copine dans un café ! Avec Rulat, je me souviendrai toujours de la fois où elle m’a raconté toute son histoire. C’est là que j’ai vraiment compris à quel point tous les évènements tragiques qu’elle a vécu l’ont blessée et ont laissé des traces, il faut se reconstruire malgré cette histoire douloureuse. Avec Mohamed, ça a été au premier contact, le jour du lancement de la promo. Il m’a abordé avec beaucoup d’audace, il souhaitait me rencontrer pour parler de mon métier et de mon réseau. J’ai été très marquée par sa spontanéité. Enfin, avec Bibinur, ce qui m’a le plus touchée c’est quand je lui ai dit “vous pouvez faire autre chose que d’être femme de ménage”, elle a presque fondu en larme dans mes bras. Je lui ai dit que bien sûr, puisqu’elle avait un haut niveau d’étude. Le fait d'exercer un travail qui ne correspond pas à ses compétences, ça peut être dur. Le programme d’accompagnement de Kodiko ça fait sortir de sa zone de confort, il y a des choses qui ne sont pas toujours agréables, surtout quand on est confronté au réel. Mais c’est aussi pour ça que je le fais !"
Recommanderiez-vous à un collègue de participer au programme Kodiko ?
"Oui tout à fait. Mais, il ne faut pas y aller avec des idées préconçues et des stéréotypes. Il ne faut pas se dire qu’on va forcément aider la personne à trouver le job de ses rêves. Sinon on va nourrir des déceptions et cela ne va pas vraiment l’aider. Le truc le plus difficile est de ne pas penser à la place de la personne, de ne pas être persuadé de savoir ce qui est bon pour elle. Le participant sait mieux que nous quels sont ses besoins et ses objectifs professionnels et personnels. Quand je parle du programme Kodiko autour de moi, je participe à faire changer le regard des personnes. Surtout au bureau, les collègues posent des questions, ils s’intéressent. C’est comme ça que petit à petit on fait changer les choses et les états d’esprit."
Envie de vous engager ? Découvrez aussi le témoignage de Sandrine, bénévole à Paris.
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