Nos bénévoles
Je m’appelle Blandine, je suis chez Total depuis 25 ans où j’y ai accompli toute ma carrière. J’y suis arrivée en intérim en tant qu’assistante en Ressources Humaines. Suite à cela on m’a proposé un CDD puis encore plus tard un CDI. Le bénévolat c’est quelque chose qui m’a toujours tenté. Jusqu'à présent je n’avais fait que des dons financiers à des associations mais je n’avais jamais donné de ma personne. J’ai entendu parlé de Kodiko chez Total. Là c’était l’opportunité, la façon dont mon entreprise à porté le sujet à beaucoup joué. Le fait que l’on puisse organiser ses ateliers dans les heures imparties au travail et sur le lieu de travail, c’était vraiment le luxe du bénévolat, il n’y avait plus de barrières pour que ça ne se fasse pas.
Vous étiez déjà sensible à la question des réfugiés et de leur intégration ?
C’est un sujet qui est récurrent depuis 2 ans dans les médias. Il y a des actions collectives à mener au niveau des Etats mais il y aussi de gros besoins au niveau des individus. Il y a un décalage entre le nombre de personnes que l’on accueille et le nombre de personnes aidées et intégrées de fait. Le pays a tout intérêt à ce que les individus entrent dans un cadre de travail avec un revenu minimum d’insertion et ne restent pas dans une situation difficile. Il vaut mieux que les gens travaillent pour subvenir à leurs besoins et soient intégrés à tous points de vue plutôt que de prendre des chemins détournés. La société a tout à y gagner.
Qu’est ce que vous pensez de l’intégration par l’emploi ?
Je pense que tout est une question de timing et que par exemple le parcours d’Abdulsamad a été exemplaire même si cela reste toujours trop lent. S’il est arrivé en 2016 son premier travail déclaré était en septembre 2019. Il y a, en amont, tout un cheminement administratif qui s’opère. Dès son arrivée, il a mis à jour son permis de conduire, ses différents statuts... Le fait que l’association l’ai pris en charge, c’était le bon moment. Toute la partie administrative faite au préalable a servi par la suite, même au niveau de l’intégration et de la pratique de la langue française. Cela nous a permis de capitaliser sur ces acquis avec une amélioration de toute la situation, mais si l’on avait pris les choses trop en amont ça n’aurait peut-être pas marché. Enfin c’est un long cheminement et je pense qu’il ne faut pas brûler les étapes.
Vous pouvez me parler d’Abdulsamad, de son parcours, de son évolution… ?
Au départ dans son pays il était vendeur en téléphonie mobile. Donc il connaît tous les rouages de la vente, les accessoires, les réparations...etc. Il aurait souhaité faire quelque chose de comparable en France. J’ai respecté son choix, on a essayé de capitaliser sur son expérience professionnelle. Mais on a découvert au fil du temps que ce n’était pas vraiment possible et transposable du fait d’un manque de diplôme et d’expérience. Il y a eu des freins parce qu’il n’avait aucune expérience déclarée en France. De plus, il ne parle pas l’anglais, et dans le secteur de la vente, on m’a objecté que le fait de ne pas parler un mot d’anglais constituait un obstacle. Donc au fil du temps, par nécessité on a revu un peu notre copie, toujours en réseau de proximité, on a essayé de postuler dans la vente directe notamment dans la restauration, mais sans résultat. Je voyais la fin du programme arriver, j’avais compté sur les jobs d’été car mon but c’était vraiment de reprendre contact avec la vie active, en douceur. Et puis je voyais l’aspect financier aussi, avec des problèmes de versement du RSA qui sont venus se rajouter fin août. Un jour, alors que nous avions cherché en vain des agences d’intérim à la Défense, un vigile qui était à l’accueil et qui avait l’air bien au courant, me dit qu’elles ont toutes déménagées à St Lazare. Donc j’appelle tout de suite Abdulsamad et je lui dit : “ne rentrez pas chez vous, il faut aller à Saint Lazare”. l’avantage d’Abdulsamad c’est qu’il est débrouillard. Ce qui m’a beaucoup plu aussi c’est qu’il a toujours eu confiance en mes conseils, et il les a toujours appliqués. Pour que ça fonctionne, il fallait une confiance mutuelle. Donc il a tout de suite fait ce que je lui ai dit, il est allé à St Lazare, il connaissait pas du tout le fonctionnement de l’intérim. Au final, la première semaine de septembre, il a eu 4 RDV ! L’un pour une offre d’emploi que nous avions vu ensemble, 2 dans une agence d’intérim et un autre à Pôle Emploi. Donc en fait tout c’est débloqué la même semaine, début septembre alors qu’il n’avait jamais encore décroché de RDV auparavant.
J’imagine que ça s’est bien fini pour lui ?
Pour terminer l’histoire, il s’est inscrit dans l’agence de l’Essonne. Il s’y est rendu le 4 septembre dans l’agence et j’ai su bien après (parce que Abdulsamad est un petit cachottier) qu’il avait accepté une mission. il m’en avait vaguement parlé mais moi je pensais qu’il allait refuser car cela paraissait compliqué : la mission débute à 4h le matin, sans transports en commun, et en plus c’est un temps partiel. Mais en revanche payé en horaires de nuit. Je pense qu’il a attendu de voir comment cela se passait avant de m’en parler. Il me l’a dit je m’en souviens c’était un lundi, un lundi au soleil quoi ! Parce que, enfin je voyais la concrétisation des efforts. Cela peut paraître peu, mais c’est un bon début et je préfère que cela se soit passé comme ça pour une intégration en douceur, avec des gens qui sont gentils avec lui, et compréhensifs. Je pense que c’est une première expérience très réussie. Il travaille dans la logistique chez Chronopost. Il y est toujours et on lui renouvelle sa mission chaque mois. Apparemment il est apprécié de ses collègues et de sa hiérarchie. Il a déjà monté en compétences : au bout de 3 semaines, on l’a formé sur une nouvelle tâche alors que certains restaient sur la première. C’est mérité parce que il est sérieux, ponctuel et déterminé. Franchement il a beaucoup d’atouts pour lui.
Quel type de relation vous avez entretenue? Comment avez-vous vécu cette aventure ?
A nous deux, on se complétait bien. Sur le côté humain, je vois les réfugiés surtout dans les médias, mais cela m’a permis de mieux comprendre la situation, de me sentir utile et d’en parler en connaissance de causes au moins avec l’entourage. C’est vrai que je suis fière de parler d’Abdulsamad à mon entourage, pour tordre le cou à certaines idées reçues. De par mon expérience en RH, je sentais que j’avais une vraie valeur ajoutée donc j’ai pas eu peur au début du programme. Je n’ai pas eu de difficultés avec lui à partir du moment où il avait confiance, il était compréhensif. Tout s’est bien passé en fait parce que j’ai respecté ses choix et il a pu voir par lui même que cela marchait pas donc il a pu se faire lui même à l’idée, se confronter à la réalité de l’emploi et je pense que ça aussi c’était un passage nécessaire. En fait il y a plein de mini étapes dans le parcours, pour moi il fallait vraiment qu’il y ait est quelque chose de concret en septembre surtout avec les problèmes financiers qui commençaient à arriver. Et puis aussi pour lui pour éviter son le découragement. Il est déterminé à s’en sortir donc ça cela a beaucoup contribué au succès du binôme. Personnellement je suis très attachée à la ponctualité au respect des consignes et c’est vrai que j’ai été très chanceuse de tomber sur quelqu'un comme lui.
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