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Originaire de Tina, à l’ouest du Soudan, Mansour vivait avec sa famille avant son départ. Là-bas, il a eu divers petits boulots. La situation n’était pas idéale : sans appartenance à un certain parti politique, peu de chance d’obtenir le travail que l’on veut.
En arrivant en France, le domaine de la logistique et de la préparation de commande semble le plus évident pour lui. C’est un secteur qui recrute. Entre temps, il suit des formations, où il étudie les langues dont le français, et passe un peu moins de deux ans à Mulhouse en résidence, et y rencontre beaucoup de personnes soudanaises :
"Lorsque j’ai pris la décision de quitter mon pays, je souhaitais aller en Angleterre pour rejoindre mes frères, mais c’était très difficile. J’ai fini par rester en France, et pour demander l’asile ici, j’ai eu à apprendre le français parce que c’est important."
Confiné avec son demi-frère venu d’Angleterre lui rendre visite et resté bloqué en France, Mansour appréhende la situation avec un certain sang-froid :
“Ce serait embêtant si mes projets s'arrêtaient pour moi seul, mais tout le monde est dans cette situation et ce n’est pas notre décision. La bonne santé et la sécurité de tout le monde, c’est très important, c’est plus important qu’un projet décalé. “
Malgré le confinement, Mansour a continué ses recherches, et a trouvé une formation en logistique de 6 mois. Après avoir passé un test de recrutement dans un petit village à côté de Strasbourg, il est retenu. Dès la fin du confinement, il commencera sa formation. Pendant ce temps, il utilise le temps qu’il a à bon escient :
“Mon conseil à vous, c’est de profiter du confinement. Parce que depuis le confinement, j’ai eu le temps de faire des choses que je ne pouvais pas faire avec les problèmes de la vie. J’ai eu beaucoup de temps pour faire ces choses, surtout lire, je lis beaucoup maintenant. Et j’ai recherché mes amis du Soudan avec qui j’ai grandi. Je leur ai parlé par les réseaux sociaux, c’est bien pour les relations sociales.“
Pour Mansour, les soudanais constituent des peuples qui gardent des liens sociaux très forts, et les différences avec la France semblent d’autant plus fortes en ce moment :
“Ici les gens sont un peu isolés, chacun est isolé avec sa petite famille, ou certains sont isolés seuls. La seule chose qui m’aide à m’adapter par rapport à ça, c’est de garder le lien avec le téléphone. Grâce aux réseaux sociaux, je contacte ma famille, mes frères et mes amis. Je sens que je ne suis pas seul même si j’ai déménagé de Mulhouse, où j’avais aussi des amis. Ça prend toujours un peu de temps de rencontrer des gens, et se faire des amis, alors il faut préserver les liens.”
Mansour entretient une très bonne relation avec son binôme Mehdi, salarié chez Manpower. Après l’avoir rencontré trois fois au bureau, le contact a été maintenu via SMS, notamment pour le relai d’offres d’emploi :
"Il m’a appris beaucoup de choses. J’ai appris que pour trouver du travail il faut insister, il ne faut surtout pas perdre espoir. Même si je postule mille fois, il faut continuer. Un des conseils très importants qu’il m’a donné est que même si tu n’as pas trouvé le poste que tu cherches, et si tu trouves une autre petit job à la place, tu peux commencer par ça. Pour une première expérience professionnelle en France, ça t’aidera beaucoup et t’ouvrira d’autres portes"
Pour lui, le programme Kodiko est la deuxième formation importante qu’il a suivi après son apprentissage du français effectué à Mulhouse avec l’association Aleos :
“Je ne parlais que l’anglais et l’arabe au Soudan, et à Mulhouse je ne parlais pas du tout le français, mais j’ai appris grâce à cette formation. Sans cela je n’aurai pas pu avoir cette conversation avec toi. Et puis dans chaque pays les codes de travail, les lois sont différentes. Et Kodiko m’a permis de connaître mes droits et mes devoirs. Si je rencontre une personne réfugiée, je lui conseillerai de participer à ce programme, car il leur apprendra beaucoup sur la recherche de travail et sur les droits et devoirs de chacuns dans le monde du professionnel. Je pense que la plupart des personnes réfugiées ont besoin de ce type de formation. Je pense que c’est très important, mais il faut d’abord réussir à dépasser le problème de la langue. On évolue dans la société en échangeant avec les autres.”
Dans quelques années, Mansour voudrait reprendre ses études en France :
"C’est un projet que je garde dans un coin de ma tête. un projet sur le long terme."
Dans les contextes d’adversité comme celui du Covid-19, il garde une approche optimiste et nous invite à tirer notre force des liens avec les autres :
"Soyez positifs, même si la vie c’est vraiment pas facile, des fois on fait face à des problèmes . Des fois il y a des barrières que l’on doit dépasser, donc il faut garder la force, garder les liens avec ses proches, sa famille. C’est très important d’être entouré. Dans ces moments particuliers aussi, soyez vigilants, protégez vous et vos proches. Je vous donne ma force pour aller plus loin. Et surtout parce que cette épidémie, c’est quelque chose que l’on ne vit pas tous les ans, ni toutes les décennies. Soyez forts dans ces moments, même si c’est difficile de combattre un ennemi invisible, on suit les conseils des experts du domaine et on y arrivera Inch'Allah."
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